Sunday, December 10, 2017

Et si… on séparait politique et économie ? (1/2)

(Article originalement publié pour le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin. Republié ici quelques années après, car il garde je crois son socio-politico-économique.)

Par quoi sont guidés nos hommes politiques ? Dans une chronique économique, que peut bien faire une question sur les hommes politiques ? S’il y avait une séparation effective entre économie et politique, je ne poserais pas cette question. Mais la question s’impose parce que la politique a sombré dans le mercantilisme et a un impact funeste sur la vie quotidienne de chacun.

L’échange est à la base de toutes les relations entre individus. Certes, il n’y a pas que des échanges économiques entre humains. Il demeure, naturellement pacifique, l’échange relève du domaine privé, et même sans qu’on en ait conscience, tout échange est un contrat de droit privé. La « loi » ne doit intervenir que lorsque l’échange – ou ses conditions – viole ce contrat, c’est-à-dire qu’un conflit survient où la propriété de l’un ou de l’autre a été abusée. Dès lors, c’est à la justice de s’organiser pour régler tout abus, y compris de pouvoir. Là intervient le politique : sur la séparation des pouvoirs.

Ainsi le politique n’a aucune raison d’intervenir dans les décisions d’échange. Rien ne justifie qu‘il prétende à une quelconque justice dans le domaine économique. Il en est même tout simplement incapable. Croire qu’on doit et qu’on peut égaliser par la loi les relations économiques est un non-sens contraire à la vie en société d’individus libres. C’est nier la souveraineté individuelle. Pire pour des socialistes « humains », c’est ne pas voir la richesse issue des différences entre les hommes.

Car il faut le dire et le marteler : l’homme politique n’est guidé que par son intérêt personnel, celui du pouvoir sur les autres, pouvoir qu’il exerce par la spoliation, matérialisée par impôts et taxes, en plus de l’arbitraire. C’est hélas la réalité, mais c’est en complète contradiction avec l’objectif dont ils masquent leur action et avec l’idéal qu’ils mettent en avant, celui du bonheur des citoyens.

D’abord le pouvoir. Comment peut-on prétendre vouloir assurer l’égalité des hommes devant le droit en détenant soi-même un pouvoir sur les autres ? En fait, l’homme politique détourne le droit : il place le droit « positif » (la législation) au-dessus du droit naturel qui fait la société depuis toujours.

L’homme politique est arrivé à peu à peu bafouer le droit naturel (droit d’être) en imposant des faux droits, artificiels, que sont les « droits à avoir » (droit au RSA, droit à un statut). Cela matérialise leur promesse arbitraire mais conduit à la catastrophe car on supprime peu à peu tout consentement individuel. Or il est immoral et injuste de priver les hommes des fruits de leur travail sans leur accord, comme le fait l’impôt. De plus, cet échange « forcé » n’est autre qu’un vol à titre économique. Même organisé par une pseudo majorité face à la minorité, cela n’est ni juste ni pacifique ni ne peut l’être.

Les droits d’être sont une notion humaniste, valable en tout lieu et toute époque. Et ce sont eux qui fondent les principes économiques. Ils sont universels et naturels, ils sont imprescriptibles. Mais l’abus de pouvoir les méprise, et même la démocratie ne suffit pas à limiter l’abus de pouvoir.

A l’inverse, les droits d’avoir n’ont de base que matérialiste et une incompréhension de la société et de nos valeurs. Ils sont variables avec les époques et les territoires où ils sont censés s’appliquer, preuve de leur injustice. Arbitraires et clientélistes, seul l’abus de pouvoir peut les mettre en place.

Une société épanouie, faite d’individus libres et responsables, a-t-elle place pour des droits d’avoir qui bafouent les droits d’être ? Comment les hommes politiques justifient-ils à cette lumière leur interventionnisme ? Nous y répondrons dans une seconde partie à venir prochainement.

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