Sunday, October 23, 2016

Démasquer le faux programme libertarien : Désétatisation

Sur le site Université Libérale de notre ami Alain Ginestine s’est glissé copie d’un faux programme libertarien élaboré on ne sait à quelle fin par les décroissants, un groupe d’écolos minarchistes incohérents – comme tous les minarchistes – on le trouve en .doc sur le site http://www.demainladecroissance.com/textes/

Parce qu’il se revendique libertarien, ce programme donne une image très déformée à la fois des idées libertariennes et libérales en général, mais aussi de ce qu’un programme libéral devrait être.

Ce billet reprend le texte du premier thème abordé par ce programme, portant sur la Désétatisation, pour revoir et critiquer quand il y a lieu et au plus près ce texte, afin de mettre en lumière ce qu’il porte de contraire aux principes de la liberté et au message libertarien.

Disons toutefois que dans l’ensemble en effet, cet extrait est proche de la vision libertarienne. Pourtant, quelques différences sont assez nettes et fondamentales pour mériter cette attention.

Premier paragraphe : « La France est prisonnière d’un carcan totalitaire et fasciste : l’Etat français. Il est donc primordial que l'axe principal du programme du Mouvement des Libertariens soit de lutter contre l'Etat français et ses dérives socialistes. »

Un libertarien ne parle pas de « la France », qui n’est qu’un territoire et non un peuple. Ce sont les individus qui importent, pas le « pays ». Ensuite, s’il est vrai que la lutte contre l’état est centrale à l’action libertarienne, ce n’est pas pour autant l’axe « principal » ; pour une raison simple : il n’y a pas d’autre axe à notre action. Enfin, qualifier l’état de totalitaire, fasciste ou socialiste n’est certes pas faux, mais tout à fait inutile : tout état, sans exception, parce qu’il s’oppose à la liberté individuelle par définition même, est toujours de nature socialiste, collectiviste, totalitaire, et autres synonymes.

« Cette lutte contre l'Etat français porte un nom, la désétatisation. Au cours des dernières décennies, l'Etat français s'est progressivement introduit dans tous les domaines de notre vie sociétale : économie, vie privée, éducation. »

S’il est vrai que les dernières décennies ont vu une accélération de l’immixtion de l’état dans nos vies, cela n’est en rien nouveau et déjà Frédéric Bastiat par exemple le regrettait dans les années 1850. Un état reste un état, aucun état n’est autre qu’ingérence et immixtion. L’état minarchiste n’est qu’une illusion de plus, comme le titre du livre de H-H.Hoppe l’évoque : « The Great Fiction ».

« À travers un militarisme forcené à base de répressions policières à peine déguisées en conséquences d'une politique sécuritaire et liberticide, l'Etat voyou oppresse les citoyens. Le Mouvement des Libertariens veut se débarrasser une fois pour toute de l'Etat français, ennemi de tous les peuples, et le remplacer par une administration fédérale destinée uniquement à la protection de nos libertés. »

Le Mouvement des Libertariens (MdL) veut rendre le pouvoir au peuple, aux gens, tout simplement et sans plus d’agressivité. De plus l’état français est comme tout état l’ennemi du peuple en général, qu’il soit français ou pas. Par contre, point bien plus important, le MdL ne souhaite PAS remplacer l’état par une administration, fédérale ou pas, car aucune administration, concept qui n’est rien d’autre que la matérialisation procédurière de l’état, ne peut se « destiner à la protection de nos libertés », puisqu’elle en est au contraire la parfaire antinomie. Les auteurs de ce texte n’ont pas su voir que ce n’est pas la taille (de l’administration) qui importe, mais son existence même.

« Cessons de nourrir l'Etat obèse ! Sous couvert de lutter contre un libéralisme inexistant en France et une mondialisation dont on peine à voir se dessiner ne serait-ce que les contours, l'Etat s'est approprié tous les droits sur la propriété privée et nos libertés civiles. »

Absolument d’accord.

« La désétatisation est le renversement de l'Etat français, de ses milices armées oppressives et de ses services publics malhonnêtes, avatars institutionnalisés d'un corporatisme particulièrement myope. La désétatisation c'est aussi la fin d'un égalitarisme effréné, d'un socialisme sectaire éhonté et de l'interventionnisme débridé de l'Etat dans nos vies. »

Pas d’accord. Il ne s’agit pas, pour le MdL du moins, de faire la révolution armée en « renversant » un état par la violence qu’on lui reproche. Il s’agit cependant bien de faire une révolution pacifique, quoique déterminée, qui aboutisse à la disparition totale de l’état comme organe social. Disparition qui se matérialisera par le retour au privé de l’armée et de la police ainsi que des pseudos services publics ; mais pour autant, tout cela sera fait sans violence et sans contrainte aucunes. Ce point est assez fondamental pour mériter d’être doublement souligné et marquer la différence du MdL.

« En deux mots, la désétatisation c'est la fin de l'Etat voyou et le retour à un gouvernement fédéral limité, mais surtout la cessation imminente du dirigisme étatique que nous, les citoyens, ne supportons plus. »

Contradiction patente. Ce ne sont pas les mots qui changent les principes. Il n’y a en réalité aucune différence entre un « état voyou » et un « gouvernement fédéral limité », on pourrait oser dire que le gouvernement actuel est « limité », il l’est effectivement plus qu’en Corée du Nord. Et donc ?

« Ce n'est pas de plus d'Etat dont nous avons besoin, mais de plus de liberté. » Absolument. Mais avoir plus de liberté, cela passe par la disparition de tout organe monopolistique de pouvoir. En d’autres termes, les Libertariens souhaitent une organisation sociale où l’ordre règne grâce à des fonctions régaliennes assurées par des entreprises privées soumises à la libre concurrence. Il ne s’agit pas d’une société où règnerait le chaos par absence « d’état », mais une société où la paix devient au contraire possible précisément parce que ledit « état » n’a plus ce pouvoir lui venant du monopole des fonctions régaliennes. Toute forme de monopole disparue, c’est là la clé de la liberté véritable.

No comments: