Saturday, December 26, 2015

Bi-National : La nationalité n’est pas un droit

Je suis peu l’actualité, mais j’ai vu passer un article où quelque irréfléchi comme il y en a beaucoup revendiquait sa double nationalité, à l’heure où François et sa clique prenait des « mesures » supposées renforcer notre sécurité – dans 20Minutes : « Ali Baddou dit son incompréhension avec le hashtag #JeSuisBinational ». Il faut dire qu’il est journaliste, ce qui forcément n’aide pas à briller…

Il semblerait que ce « journaliste » n’ait pas compris ce qu’est une nationalité. C’est pourtant très simple : il s’agit d’une obole administrative accordée à un individu par une bureaucratie locale, parfois suite à l’application d’une loi arbitraire, parfois suite à corruption, accordant les mêmes privilèges que le plus gros de la masse de ses sujets – habituellement qualifiés de « citoyens ».

On l’aura compris, le mot le plus important est bien « loi arbitraire ». Laissez-moi vous donner un exemple. Un de mes excellents amis, Français, est né en Tunisie de parents italiens, à l’époque du Protectorat. A l’après-guerre, Wikipedia nous dit que « les règles de naturalisation des enfants nés de parents italiens [deviennent] les mêmes que celles des autres nationalités européennes ». Il est donc Français presque par accident. Combien d’autres situations aussi bizarres existent et ont ainsi existé ?

Soyons clair, je ne donne pas dans le racisme. Je suis moi-même Français, mais pourrais prétendre à la nationalité ivoirienne. Non, il ne s’agit pas de montrer du doigt des « nationaux » qui ne « mériteraient » pas d’être Français. Au contraire, il s’agit de montrer, de rappeler que justement, la nationalité n’est en réalité associée à aucun « mérite », à aucune « logique », ni à aucun « héritage ».

L’histoire, la colonisation puis la décolonisation, les arrangements en cas de mariage et de naissance, le conflit entre droit du sol et droit du sang, ont fait de notre « code de la nationalité » un de ces labyrinthes administratifs dont nous seuls avons le secret. Et in fine l’actualité vient de le prouver, l’accord de la nationalité française est en dernier recours laissé à l’appréciation du « roi » en place.

Dès lors, revendiquer sa simple, double ou triple nationalité est un contre-sens. Car soit on reconnaît l’autorité arbitraire de l’état accordant ladite nationalité – et dans ce cas, on se tait. Soit on conteste cette autorité ou du moins son arbitraire. Bel acte de rébellion, de prime abord. Mais en fait incohérent puisque visant à se voir reconnu comme citoyen, c’est-à-dire esclave de l’état contesté.

Quant à moi, je suis citoyen libre. Un passeport violet me permet de voyager. La France ? C’est quoi ?

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