Monday, January 4, 2010

Grippe A : comment évaluer le coût du principe de précaution ? - Reaction a l'article sur Rue89

Sur Rue89, ce 04/01/2010, un article intitulé :

Grippe A : comment évaluer le coût du principe de
précaution ?
Un chef d'oeuvre, avec points de vue d'un économiste toulousain et d'un professeur genevois en politique du territoire (ça existe comme matière enseignée ?!)

Comme entrée en matière est posée la question suivante, s'agissant de l'évaluation du nombre de vaccins H1N1 qu'il fallait ou non acheter pour la France :
Mais comment savoir jusqu'où apprécier le
principe de précaution ?


Une telle question démontre soit une incompréhension des questions économiques, soit un malentendu sur la nature du problème, qui est justement économique et non social ou que sais-je. Une approche économique répondrait : en le demandant au marché, dont c'est le rôle. Personne d'autre que le marché ne peut ou ne sait répondre, comme F.von Hayek l'a largement démontré.

Suit une transcription des propos de notre professeur genevois, avec tout d'abord une révélation :
Imaginons que le H1N1 ait mal tourné. Imaginez le tollé si on
n'avait pas pris ces mesures. Le risque, c'est que le prochain responsable, de
peur de se faire taper dessus, sous-estime les moyens… et se fera taper
dessus.


Ça c'est de l'information ! Ce spécialiste des politiques territoriales nous avoue tout simplement qu'à son avis, sinon dans la réalité (?) les 'pouvoirs publics' choisissent en fonction de leurs fesses et carrières, mais pas vraiment en fonction du risque réel envers la population. Normal me direz-vous, c'est humain, et puis de toute façon, ils ne savent ni ne peuvent mesurer le risque, alors...

Un peu plus loin, on apprend :
On l'a vu en 2000 avec la vache folle quand des mesures très
fortes ont été prises en France. La seule leçon à tirer de cette affaire, c'est
que si on rentre dans une période de risques sanitaires, les pouvoirs publics
n'ont pas des moyens infinis.



Ah bon ? Les moyens ne sont pas infinis ? Ben vraiment, j'avais besoin d'un prof pour me donner cette information, merci m'sieur... Surtout que lesdits moyens viennent de nos impôts, j'avoue que personnellement je préfère quand ils ne sont pas infinis.

Ce grand professeur termine avec une note philosophique désolée :
Le drame du principe de précaution, c'est que quand il
réussit, les gens ont l'impression qu'on a agi pour rien, quand il triomphe on a
l'impression qu'il ne sert à rien. Alors que justement, c'est parce qu'on a pris
des mesures.


Quel dilemme, pauvre principe de précaution, le mal compris et mal aimé ! Notre professeur ne voit donc pas que le principe de précaution est simplement inutile et contraire au bon sens. Avec ce principe, on serait en droit d'attendre des 'pouvoirs publics' qu'il nous protègent contre les effets secondaires des typhons sur la Floride, ou contre une invasion de crickets comme au Sahel, ou même contre l'éventuelle mort du soleil ou que sais-je encore. Ça n'a aucun sens et surtout ce n'est pas le rôle de l'état quel qu'il soit.

C'est à chacun de nous de gérer ses propres risques, et surtout de bien veiller à éloigner l'état du sujet. 'Incapacité publique' me convient mieux que 'pouvoirs publics'.

Mais continuons, nous avons maintenant droit à la vision d'un 'économiste' :
Quand on réfléchit aux dépenses publiques, il faut mettre en
rapport les coûts et les bénéfices attendus des différents projets. Les budgets
qu'on peut allouer à la prévention ne sont pas infinis, surtout en période de
déficit.


Bon, tout d'abord, bonne nouvelle : 'on' réfléchit. Tu me diras, 'on' en paye assez pour ça, 'on' (vous notez, c'est pas le même 'on') serait en droit d'attendre qu'ils concluent de ne pas dépenser, justement.

Il nous confirme que les budgets ne sont pas infinis - décidément, ça leur pose manifestement problème, ça serait quand même mieux si 'on' pouvait les augmenter à vue ces fichus budgets.

Mais le mieux, de la part d'un économiste, c'est bien le "il faut mettre en rapport les coûts et les bénéfices attendus". Et comment s'y prendre ? Moi, je ne suis pas économiste, mais 'on' m'a dit que le rôle du marché consiste justement - ça tombe bien - à permettre l'établissement de prix qui sont l'expression de la valeur d'un bien ou service pour ses usagers.

En clair, pour savoir si un projet présente un intérêt, mets le sur le marché et le marché répondra. Fastoche pourtant, pourquoi ne le propose-t-'on' pas ?

Puis il poursuit avec :
Ça a du sens que nos choix publics reflètent nos choix
individuels, nous vivons dans une démocratie. L'ensemble des risques auxquels
nous faisons face est très important : risque de santé, risque
environnemental


Alors donc, le propre d'une démocratie, c'est que 'nos choix publics reflètent nos choix individuels'. Et comment la foultitudes de choix individuels s'est-elle donc exprimée dans cette affaire ? Avec 5% de personnes qui se font vacciner, il semble qu'il y ait hiatus.

Mais surtout, on mélange risque avec action. A supposer que certains risques existent, comme le supposé risque environnemental, la solution quant à elle passe par l'action individuelle, et non par l'action 'd'organes' incontrôlés comme 'l'état-c'est-pas-moi'. Si l'état doit faire quelque chose, c'est informer, pas interférer.

Pour finir, l'apothéose, on sent le type qui réfléchit pour sa paroisse :
En France, on a un retard dans l'évaluation. On n'évalue pas
bien les analyses publiques, on ne fait pas assez d'analyses coûts-bénéfices.
Heureusement, la France est en train de rattraper son retard. Une loi effective
depuis 2009 oblige à faire des études d'impact pour toute nouvelle loi et la
faire passer au Conseil d'Etat et au Parlement. Ça va dans le sens d'une
évaluation plus systématique des projets publics. On va dans le bon
sens.


La première phrase bien sûr signifie 'il faut plus de budget pour la recherche', mais passons.
Le couplet sur l'évaluation est grandiose pour un économiste. Il oublie simplement le rôle du marché.

Il faut vous dire que sur Toulouse, il n'y a pas grand monde qui ne soit socialiste - hélas je suis bien isolé - alors on l'excuse. La preuve, il parait qu'une nouvelle loi, 'va dans le bon sens' - mais comment faisait-on avant cette loi ? Comment avons-nous survécu à tous ces méchants virus et autres bacilles jusqu'ici ?

Vive les-tas providence !

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